ce que j'aime faire c'est poser ma tête sur le dos des gens ou le torse et y coller mon oreille quand les gens parlent, et les entendre parler de l'intérieur... ça résonne dans ma tête... peut-être que ça me donne l'impression, d'entrer à l'intérieur de la personne, une impression d'être proche peut-être... comme si c'était à moi qu'on parlait, comme si y'avait que moi qui pouvait entendre...
ça me rappelle, quand j'étais petite et qu'on allait faire des courses ou je sais pas quoi avec ma moman, et comme ma moman elle connaît plein de monde, elle s'arrêtait souvent pour discuter avec quelqu'un pendant une demi heure et moi je m'ennuyais atrocement, alors je posais ma tête comme ça... j'ai toujours beaucoup aimé entendre ma maman de l'intérieur...
là c'était sur lui, c'est plus grave forcément, mais c'est tellement doux
je crois que ça donne un sentiment de sécurité...
j'aime ça, j'aime tellement ça...
et puis cet après-midi on était bien... tranquillement couchés dans l'herbe, dans les bras l'un de l'autre... je me sentais bien... comme protégée...
et puis en retournant en cours, je me suis rendue compte que j'avais perdue un bracelet... le bleu avec le fil dégradé...
pendant le cours j'avais très très mal à la tête... comme d'habitude. sûrement plus...
on étais en groupe, et en général j'explique mes jolis calculs aux gens qui comprennent pas, et puis là nan. je faisais mes trucs, sans la force de vraiment chercher, et j'envoyais chier ceux qui me posaient des questions... je crois que j'ai pas décroché un sourire de l'heure...même quand ma profe de maths m'a dit « ho elle est fanée votre fleur? vous pouvez pas la repasser ? c'est dommaaage, je l'aimais bien!» j'ai juste hoché la tête... oui, elle est fanée...
comme moi
et puis à la récré, il me dit "tu vas le chercher?" "oui"... et puis j'ai traversé la cour en regardant par terre, pour pas les voir tous et ne pas leur sauter dessus sinon je les aurais étranglés, et puis aussi pour qu'on ne voie pas mes znoeils mouillés...
j'aurais voulu être transparente, j'aurais voulu qu'ils crèvent tous... là, à l'instant.
tout d'un coup qu'ils s'arrêtent tous en même temps et qu'ils tombent par terre...
là, devant moi...
et évidemment, je l'ai pas retrouvé...
je suis revenue, ai pris un trucs pour le mal de tête...
et puis j'ai eu son regard, celui qui m'a demandé si je l'avais retrouvé, j'ai dit non... il avait un vrai regard triste pour moi, pas un faux regard condescendant...
j'ai posée ma tête contre lui
j'avais de nouveau les znoeils mouillés, je regardais ailleurs
j'avais juste envie qu'il me serre dans ses bras, fort...
j'avais juste envie de le serrer dans mes bras, fort, très fort, tellement fort qu'il en serait crevé étouffé et moi qui n'aurais jamais pu le supporter...
j'ai dit "c'était un cadeau..."
il m'a demandé si ça allait... pour de vrai...
pas "bonjour tu vas bien?" comme tous les matins... un vrai "ça va?"
j'ai juste hoché de la tête en regardant au loin...
et puis j'avais quand même mal à la tête, et puis j'avais quand même envie de tous les étrangler...
j'avais juste envie de poser ma tête sur lui, de m'endormir tout contre lui et qu'il me dise des choses gentilles, qu'il me caresse et qu'il me serre fort... toujours plus fort...
sans lui, je crois que je serais complètement perdue...
entre les gens...
sans lui j'aurais pas de bouée pour naviguer entre-eux...
et moi, on m'a jamais appris à nager dans cet océan...
dans l'océan de...de la cour des grands...
ou alors je crois que j'ai raté le coche...
ça doit être ça oui... et on a pas jugé bon de me rattraper...pour ce qu'on y perd...
A mesure qu'elle entrait dans l'eau glacée, l'enduit de sa peau se désagrégeait, les pigments multicolores de ses mains et de son corps se détachaient et s'éparpillaient peu à peu comme du pollen. Quand son corps se fut dilué, alors qu'elle se trouvait au milieu de la mare des couleurs qu'elle avait été, elle plongea la tête dans l'eau et se cheveux formèrent un nuage roux dans le ciel noir de l'eau. Le sourire de Fio glissa un instant sur de petites vagues, puis il disparut dans l'encre du fleuve.
[ La libellule de ses huit ans Martin Page]
ils ont fait du feu dans la cheminée ce soir parce qu'il faisait trop froid... j'adore cette odeur... j'aimerais me glisser dans la cheminée, discrètement, sans un bruit, que personne ne me voie partir, et puis je fonderais petit à petit, et puis partirais en fumée... en poussière... en silence... comme j'ai toujours vécu... et m'imprégner à tout jamais de cette odeur... et plus personne n'aura à me supporter, à me supporter quand je fais cette tête-là et que pour une fois je le cache pas...
ils seront tous contents cette fois
Les réponses :
an-droid
je te le referai. et je ferai une lettre à la pêche, pour te l'envoyer.
il faut juste que j'aille racheter des fils, je les avais finis en faisant ton ballon...
et puis il faut que je me fasse une chaussure, tu sais...